Le grenier - Découverte

#11 - La nature a horreur du vide, vraiment ?

Les lettres d'Élise
5 min ⋅ 09/11/2025

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CHAPITRE 3

Au petit matin, Alessandra était prête à aller toquer à la porte de son grand-père, impatiente de connaître le secret qu’il voulait partager avec elle.

La veille lors du dîner, elle était assise face à lui et avait guetté le moindre signe qui pourrait la mettre sur la voie : avait-il décidé d’écrire un nouveau livre ? Avait-il retrouvé un trésor du quotidien qui avait appartenu à sa grand-mère ? Ou peut-être un passage secret dans les vieilles pierres de la maison ? Quoiqu’il en soit, pendant que les plats passaient de main en main et que toute la famille lui partageait les dernières nouvelles du quartier ou de leurs proches, elle avait tenté, mais sans succès, d’interpréter les attitudes et les sourires de nonno et n’avait pas été très attentive à la conversation.

Elle était partie se coucher juste après lui, prétextant la fatigue du retour et l’envie d’être dans sa chambre. Elle voulait surtout que la nuit passe vite, impatiente comme une enfant la veille de Noël, et que le lendemain livre ses secrets.

Réveillée par les premiers rayons du soleil hivernal, à travers la fenêtre dont elle n’avait pas fermé les volets, elle se prépara en vitesse et traversa le couloir du deuxième étage. Après quelques coups sans réponse, elle ouvrit doucement la porte mais la chambre était vide. Pas de nonno, ni dans son lit ni à son bureau. Elle descendit à la hâte les deux volées d’escalier et le trouva debout devant la fenêtre de la cuisine en train de siroter son café.

- Nonno, te voilà ! Je te cherche partout. Tu n’as pas oublié que tu dois me montrer quelque chose ?

- Ah, Alessandra, tu es là. Il reste du café. Prends donc une tasse et viens observer les mésanges du jardin avec moi.

-  Nonno, ne me dis pas que c’est d’oiseaux dont tu veux me parler !

Il ne répondit pas tout de suite, porta la tasse à ses lèvres et regarda de nouveau vers le jardin. Il y avait la terrasse de gravier d’abord, avec la grande table de fer et ses huit chaises que le temps et la pluie avaient patinées, et au fond les trois arbres majestueux, les deux tilleuls et l’érable sous lequel elle avait passé des heures à lire. Les oiseaux voletaient de branche en branche et picoraient les boules de graisse garnies de graines. Giuseppe reprit : 

- Tous les matins, depuis que ta grand-mère est morte, je m’installe ici, debout, et j'observe le manège des oiseaux, les couples qui se font et se défont, les petits qui apprennent à voler, les batailles entre les espèces… Maintenant que l’hiver est bien là, j’ai accroché ces petites boules pour qu’ils ne meurent pas de faim. 

Attendrie, la jeune fille reçut ce qu’elle prenait pour une confidence et observa son grand-père, sa peau ridée, ses yeux gris et les lunettes qu’il remontait toujours de son index gauche, son crâne presque chauve, son chandail vert bouteille un peu usé. Elle ne se souvenait pas qu’il était plus petit qu’elle. Pourtant, elle ne croyait pas avoir grandi depuis un bon moment. Elle tourna la tête vers la fenêtre et observa à son tour les oiseaux gourmands. Mais elle n’y tint plus, la curiosité l’emportait. Elle connaissait son grand-père, elle savait que s’il faisait durer le suspens, c’est que ce n’était pas rien, ce qu’il voulait lui montrer : 

- Grand-père, tu m’as dit hier soir que tu avais un secret à partager, au grenier là-haut. Qu’est-ce que c’est ? 

- Tu as raison, ma petite. Il est temps. Allez viens, grimpons. 

...

Les lettres d'Élise

Les lettres d'Élise

Par Élise Émoi

Parce qu’il est temps de partager les mille et une fictions, courtes ou plus longues, qui peuplent ma tête, j’ai créé les Lettres d’Élise.

Quelques lignes, quelques pages pour laisser l’histoire vous emporter, à partager sans modération.